Soutenance de thèse de Nadia HACHIMI-ALAOUI

Ecole Doctorale
Sciences Juridiques et Politiques
Spécialité
Doctorat en Science politique
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
wali,sociologie historique du politique,Casablanca,,
Keywords
wali,historical sociology,Casablanca,,
Titre de thèse
Gouverner l'incertitude. Les walis de Casablanca (2001-2015)
Governing uncertainty. The walis of Casablanca (2001-2015)
Date
Mardi 17 Décembre 2019 à 14:00
Adresse
25 rue Gaston de Saporta. 13100 Aix en Provence
EPS 003
Jury
Directeur de these M. Mohamed TOZY IEP SciencesPo Aix-Cherpa
Rapporteur M. Aziz IRAKI INAU
Rapporteur Mme Irene BONO Université de Turin-Département culture politique et social
Examinateur Mme Beatrice HIBOU CERI
Examinateur M. Phillipe ALDRIN IEP SciencesPo Aix-Cherpa
Examinateur M. Jean Michel EYMERI-DOUZANS SciencesPo Toulouse
Examinateur M. Laurent FOURCHARD CERI

Résumé de la thèse

Ce travail de recherche interroge les transformations de l’art de gouverner au Maroc dans les années 2000-2010 à partir de la figure du wali, représentant territorial de l’Etat. Cette figure, qui n’a jamais fait l’objet d’un travail de science sociale au Maroc, n’a pas été appréhendée de façon abstraite, mais dans un lieu stratégique, la ville de Casablanca. Ce travail part d’un questionnement : quelle signification prend, à la fin de la décennie 1990, la montée en puissance de nouveaux acteurs de gouvernements et que nous disent les transformations de la fonction wilayale qui s’en suivent des arts de gouverner la ville ? La thèse soutenue tout au long de ces pages est que la redéfinition du wali en 2001-2002, le changement de son profil et l’économicisation de ses compétences constituent une modalité d’adaptation à la situation d’incertitude qu’engendre la pluralisation des acteurs de gouvernement. L’incertitude doit être comprise au regard de la contingence et de ses effets sur les modes de gouvernement : la diversité et la « prolifération du social » engendrent des dynamiques plurielles et une diversité d’évolutions possibles, elles démultiplient les options rendant l’environnement de plus en plus « incertain ». Mais l’incertitude est également au cœur d’une dynamique qui remet souplesse et flexibilité dans les modes de gouvernement et qui permet de faire face à la contingence : l’absence de formalisation explicite du wali, qu’elle soit institutionnelle ou juridique, autorise une souplesse dans l’exercice de sa fonction et rend cette dernière perméable aux rapports de force et aux évènements. Cette souplesse permet de comprendre la faculté d’adaptation aux nouveaux rapports de force que montre le pouvoir marocain durant toutes ces années. Trois approches ont structuré ma démarche. J’ai d’abord fait varier et combiner les échelles d’analyse en termes de lieux d’observation du wali et en termes de signification politique que prend cette articulation des échelles de gouvernement. J’ai ensuite opéré un comparatisme de problématiques, notamment (mais pas seulement) en m’inspirant des questionnements soulevés par certains travaux sur les préfets en France. Enfin, j’ai « saisi » le wali « par ses actes », par ses « pratiques » et par ses « technologies de pouvoir », inscrivant ainsi ce travail dans une perspective wébérienne qui aborde l’État et les modes de gouvernement de façon relationnelle. Cette approche m’a permis d’analyser les politiques urbaines en intégrant d’autres acteurs, d’autres niveaux institutionnels et politiques et d’autres modalités d’intervention que ceux mentionnés dans les discours et présents dans les dispositifs institutionnels. Les deux parties de la thèse privilégient ainsi chacune une échelle d’analyse et un découpage temporel qui leur est propre. La première partie est consacré à la redéfinition du wali et de ses compétences dans une perspective socio-historique en opérant une généalogie de la lettre royale qui leur est consacrée. Elle souligne tout à la fois l’indéfinition de la fonction wilayale et la centralité du wali, les transformations des compétences jugées importantes et la permanence de la technocratisation et elle montre ce que la raison économique fait à la raison d’Etat. La seconde partie me permet d’observer à l’œuvre les six walis qui se sont succédés à Casablanca entre 2001 à 2015 à partir d’un lieu précis, les transports urbains et leurs transformations. Elle met en évidence la diversité des ethos, des styles et des manières de faire des walis, qui explique aussi, au-delà de la personnalité des représentants de l’Etat, la possibilité des gouverner différemment selon les circonstances et selon les configurations socio-politiques.

Thesis resume

Ce travail de recherche interroge les transformations de l’art de gouverner au Maroc dans les années 2000-2010 à partir de la figure du wali, représentant territorial de l’Etat. Cette figure, qui n’a jamais fait l’objet d’un travail de science sociale au Maroc, n’a pas été appréhendée de façon abstraite, mais dans un lieu stratégique, la ville de Casablanca. Ce travail part d’un questionnement : quelle signification prend, à la fin de la décennie 1990, la montée en puissance de nouveaux acteurs de gouvernements et que nous disent les transformations de la fonction wilayale qui s’en suivent des arts de gouverner la ville ? La thèse soutenue tout au long de ces pages est que la redéfinition du wali en 2001-2002, le changement de son profil et l’économicisation de ses compétences constituent une modalité d’adaptation à la situation d’incertitude qu’engendre la pluralisation des acteurs de gouvernement. L’incertitude doit être comprise au regard de la contingence et de ses effets sur les modes de gouvernement : la diversité et la « prolifération du social » engendrent des dynamiques plurielles et une diversité d’évolutions possibles, elles démultiplient les options rendant l’environnement de plus en plus « incertain ». Mais l’incertitude est également au cœur d’une dynamique qui remet souplesse et flexibilité dans les modes de gouvernement et qui permet de faire face à la contingence : l’absence de formalisation explicite du wali, qu’elle soit institutionnelle ou juridique, autorise une souplesse dans l’exercice de sa fonction et rend cette dernière perméable aux rapports de force et aux évènements. Cette souplesse permet de comprendre la faculté d’adaptation aux nouveaux rapports de force que montre le pouvoir marocain durant toutes ces années. Trois approches ont structuré ma démarche. J’ai d’abord fait varier et combiner les échelles d’analyse en termes de lieux d’observation du wali et en termes de signification politique que prend cette articulation des échelles de gouvernement. J’ai ensuite opéré un comparatisme de problématiques, notamment (mais pas seulement) en m’inspirant des questionnements soulevés par certains travaux sur les préfets en France. Enfin, j’ai « saisi » le wali « par ses actes », par ses « pratiques » et par ses « technologies de pouvoir », inscrivant ainsi ce travail dans une perspective wébérienne qui aborde l’État et les modes de gouvernement de façon relationnelle. Cette approche m’a permis d’analyser les politiques urbaines en intégrant d’autres acteurs, d’autres niveaux institutionnels et politiques et d’autres modalités d’intervention que ceux mentionnés dans les discours et présents dans les dispositifs institutionnels. Les deux parties de la thèse privilégient ainsi chacune une échelle d’analyse et un découpage temporel qui leur est propre. La première partie est consacré à la redéfinition du wali et de ses compétences dans une perspective socio-historique en opérant une généalogie de la lettre royale qui leur est consacrée. Elle souligne tout à la fois l’indéfinition de la fonction wilayale et la centralité du wali, les transformations des compétences jugées importantes et la permanence de la technocratisation et elle montre ce que la raison économique fait à la raison d’Etat. La seconde partie me permet d’observer à l’œuvre les six walis qui se sont succédés à Casablanca entre 2001 à 2015 à partir d’un lieu précis, les transports urbains et leurs transformations. Elle met en évidence la diversité des ethos, des styles et des manières de faire des walis, qui explique aussi, au-delà de la personnalité des représentants de l’Etat, la possibilité des gouverner différemment selon les circonstances et selon les configurations socio-politiques.