Soutenance de thèse de Nadège CARRIERE

L’action de terrain a longtemps été -et est encore trop souvent- vue sous un angle purement matériel: soit un ensemble de prestations concrètes fournies en urgence (l’assistance) soit des réalisations technologiques(le développement). Les droits de l’homme sont alors considérés comme faisant partie d’un champ d’action bien distinct, beaucoup plus juridique et juridictionnel. Mais dans les années 1990, une prise de conscience a marqué un tournant dans l’appréhension de l’action de terrain. En effet, conscients de l’importance du respect des droits de l’homme, les acteurs – bailleurs et opérateurs- vont mettre en place des approches et outils permettant l’intégration des droits de l’homme dans l’action de terrain : l’approche basée sur les droits de l’homme, la sécurité humaine et les activités de protection. Apportant de façon théorique un fondement à l’action de terrain tournée vers les droits de l’homme, ou mettant en place des outils opérationnels en faveur des droits de l’homme, ces concepts dessinent une action de terrain soucieuse du respect des droits de l’homme et définissent de nouvelles méthodes d’opérationnalisation de ces derniers. Chacune d’entre elles présente de réels apports en matière d’effectivité des droits de l’homme, au-delà -ou en-deçà- du cadre étatique et juridictionnel habituel, sans être exemptes de lacunes et faiblesses. Alors que ces fondements de l’action de terrain ont fait l’objet de nombreux travaux séparés, en général conduits en dehors du champ juridique, la présente thèse en fait une analyse simultanée, mettant en exergue l’aide apportée en matière d’effectivité des droits de l’homme par chacune d’entre elles. Il est également primordial de réfléchir à une éventuelle conjugaison de ces fondements et outils. En effet, alors même que ces approches se voient souvent opposées – la sécurité humaine évoquant les besoins, alors que les droits apparaissent manifestement au cœur de l’approche basée sur les droits de l’homme et des activités de protection- l’effectivité des droits de l’homme pourrait trouver une véritable avancée dans une approche intégrée.

Fieldwork has long been - and still is too often - seen from a purely material angle: either a set of concrete services provided in an emergency (relief) or technological achievements (development). Human rights are then considered as part of a very distinct field of action, much more legal and jurisdictional. But in the 1990s, an awareness was a turning point in the apprehension of the field action. In fact, aware of the importance of respect for human rights, actors - both donors and operators - will put in place approaches and tools allowing the integration of human rights in the action on the ground: human rights-based approach, human security and protection activities. By theoretically providing a foundation for human rights-based action on the ground, or by putting in place operational tools for human rights, these concepts form a ground-breaking action for the respect of human rights and define new methods of operationalization of the latter. Each of them presents real contributions to the effectiveness of human rights, beyond or below the usual state and jurisdictional framework, without being free from gaps and weaknesses. While these foundations of the field action have been the subject of many separate works, generally conducted outside the legal field, the present thesis makes a simultaneous analysis, highlighting the assistance provided in terms of effectiveness of human rights by each of them. It is also important to think about a possible combination of these foundations and tools. Indeed, even though these approaches are often opposed - human security evoking needs, while rights clearly appear at the heart of the human rights-based approach and protection activities - the effectiveness of human rights could find a real breakthrough in an integrated approach.