Soutenance de thèse de Yolaine GASSIER

Les recompositions de l’action publique telles que la décentralisation du système politico-administratif ont entraîné à l’échelle régionale une multiplication de dispositifs de représentation et de cogestion de l’action publique qui sollicitent la présence de représentants syndicaux et patronaux. Cette nouvelle offre de représentation institutionnelle en région bouleverse les organisations syndicales et patronales, tant dans leur structuration et leur mode de fonctionnement internes que du point de vue des activités nouvelles que leurs membres sont amenés à réaliser (discuter des politiques publiques, administrer des organismes assurant des missions de service public). À partir d’une enquête ethnographique qui combine différentes méthodes qualitatives (entretiens, observations, analyse documentaire et d’archives), la thèse se propose d’étudier les ressorts mais aussi les modalités et les effets du processus d’institutionnalisation de l’action syndicale et patronale. D’un côté, elle entend saisir ce que l’investissement institutionnel implique comme réorganisations pour les organisations et leurs porte-paroles. De l’autre, elle nous aide à comprendre ce qui se joue et ce qui se fait au concret dans ces espaces institutionnels peu connus, notamment le rôle des syndicats de salariés et patronaux dans l’action publique locale. À la croisée de la sociologie des relations professionnelles, du syndicalisme et de l’action publique, ce travail nous amènera à éclairer sous un nouveau jour un certain nombre de processus qui traversent les univers militants, qu’il s’agisse des transformations des répertoires d’action collective et des compétences militantes, de leur professionnalisation, ou de la production d’une élite intermédiaire.

The reconfigurations of public action such as the decentralization of the politico-administrative system have led at the regional level to a multiplication of representation systems and co-management of public action. They require the presence of employers’ organizations and workers unions. This new offer of institutional representation in the region is disrupting for employers and workers unions, both in their structure and their internal operating mode and from the point of view of the new activities that their members have to carry out (discuss public policies, administer organizations providing public service missions). Based on an ethnographic survey that combines different qualitative methods (interviews, observations, documentary and archive analysis), the thesis aims to study the motives but also the modalities and effects of the process of institutionalization of employers and employees’ unions. On the one hand, it intends to understand what institutional investment requires in terms of reorganization for Unions and their spokespersons. On the other hand, it helps us to understand what is at stake and what actually happens in these poorly known institutional spaces, in particular the role of workers 'and employers' unions in local public action. At the crossroads of the sociology of industrial relations, unionism and public action, this work will bring us to enlighten on a new light a certain number of processes which are going through militant universes, like the transformations of repertoires collective action and militant skills, their professionalization, and the production of an intermediate elite.