Soutenance de thèse de Guillaume SILHOL

Ecole Doctorale
Sciences Juridiques et Politiques
Spécialité
Doctorat en Science politique
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
division du travail religieux,action publique,institutionnalisation,sécularisation,
Keywords
division of religious labor,public policies,institutionalization,secularization,
Titre de thèse
L’enseignement de la religion en Italie, institutionnalisation et pratiques d'une catégorie d'action publique
Religious education in Italy, institutionalization and practices of a category of public policies
Date
Vendredi 20 Décembre 2019 à 14:00
Adresse
CHERPA - Espace Philippe Séguin Sciences Po Aix-en-Provence 25, rue Gaston de Saporta 13100 Aix-en-Provence
Salle 003 EPS
Jury
Directeur de these M. Franck FREGOSI Sciences Po Aix-en-Provence
Rapporteur Mme Céline BERAUD EHESS
Examinateur M. François BUTON ENS Lyon - CNRS
Rapporteur Mme Christine PINA Université de Nice
Examinateur Mme Magali DELLA SUDDA Sciences Po Bordeaux
Examinateur M. Christophe TRAÏNI Sciences Po Aix-en-Provence

Résumé de la thèse

Cette thèse contribue au champ d’études de la sociologie politique des institutions par un cas d’étude d’institutionnalisation du travail « flou ». L’enseignement de la religion catholique est une matière de cours non-obligatoire, cogérée par les établissements scolaires publics et les diocèses catholiques, consistant en deux heures de cours en maternelle et en primaire, et une heure de par semaine et par classe en secondaire. Basée sur un travail sur archives et sur une enquête qualitative, l’étude porte sur les conditions sociales de la requalification conflictuelle de tâches issues des pratiques pastorales d’enseignants catholiques en travail pédagogique à partir des années 1970, par le biais de politisations de la « culture religieuse », comme mandat professionnel et comme besoin des élèves. Contre une interprétation seulement en termes de sécularisation interne, associée au remplacement progressif de prêtres par des laïcs parmi les enseignants et par la fin du statut obligatoire, la socio-histoire des réformes de l’enseignement de la religion montre la centralité de conflits entre 1974 et 1992, leur déploiement dans l’institution catholique et en-dehors, dans le jeu politique italien ainsi que dans les syndicats d’enseignants et d’autres organisations religieuses minoritaires. La requalification en discipline scolaire dans la production de l’action publique est rendue possible par la domestication de ressources d’expertise et juridiques par les structures et les agents de l’Eglise catholique italienne et par la représentation d’une façade publique de succès du cours objectivée par la rhétorique des chiffres du « choix » élevé du cours. L’hybridation des pratiques de la « culture religieuse » devient un lieu de légitimation paradoxale, un objet de carrières morales hétérogènes et de reconversions professionnelles, et un espace social de relations de pouvoir croisées entre deux ordres institutionnels.

Thesis resume

This dissertation proposes a contribution to political sociology of institutions through a case study of institutionalization of “blurred” labor. Catholic Religious Education is a non-compulsory subject, co-regulated by public schools and Catholic dioceses, which consists in two weekly hours per class in kindergarten and primary schools and one weekly hour in secondary schools. Based on archives work and on a qualitative investigation, this study deals with the social conditions of the conflictual requalification of formerly pastoral tasks of Catholic teachers in educative labor from the 1970s, through the politicizations of “religious culture” as a professional mandate and as a need of the students. Against an interpretation merely in terms of internal secularization, related to the gradual substitution of priests by laypeople among teachers and the end of a compulsory status, the socio-history of reforms of Religious Education shows the centrality of conflicts between 1974 and 1992, their development inside and outside the Catholic institution, in the political arena and in teachers unions as well as other minority religious institutions. The requalification as a school subject in the production of public policies is made possible by the domestication of expertise and legal resources by the structures and the agents of the Italian Catholic Church, and by the presentation of narratives of “success”, materialized by the rhetorical use of numbers on the “choice” to enroll. The hybridization of practices on “religious culture” becomes a site of paradoxical legitimation, an object of heterogeneous moral careers and of professional reconversions, and a social space of power relations intertwined between two institutional orders.