Soutenance de thèse de Sara TONSY MAHMOUD

Ecole Doctorale
Sciences Juridiques et Politiques
Spécialité
Doctorat en Science politique
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
discours politique,révolution,l’armée égyptienne,Frères Musulmans,gouvernementalité,
Keywords
political discourse,revolution,army,Muslim Brotherhood,governmentality,
Titre de thèse
Mobilisation Politique, Pouvoir et Symboles: le cas de l'armée et les frères musulmans en Égypte
Political Mobilization, Power and Symbols: the case of the Army and Muslim Brotherhood in Egypt
Date
Vendredi 29 Novembre 2019 à 10:00
Adresse
31 avenue Jean Dalmas, 13100 Aix-en-Provence, France
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Jury
Directeur de these M. Mohamed TOZY CHERPA- IEP Aix
Examinateur M. Bernard BOTIVEAU MMSH - Universit de Aix Marseille
Rapporteur M. Khaled FAHMY King's College, University of Cambridge
Examinateur Mme Aude SIGNOLES CHERPA- IEP Aix
Examinateur M. Steuer CLEMENT CNRS, Paris
Rapporteur Fadma AITMOUS Universite Hassan II

Résumé de la thèse

"Le général Ahmed Alouani . . . Il aime prier au milieu des gens comme n’importe qui . . . Cela fait cinquante-huit ans que le général Alouani vit dans la foi et pratique la religion sans omettre aucune obligation ni recommandation et sans faire un pas avant de s’être assuré qu’il est conforme à la charia." Ce portrait du général pieux et impitoyable introduit le dernier Roman d’Alaa al-Aswany, il décrit avec virtuosité la révolution avortée. Sous le gouvernement Morsy et après le coup d’État du général Sissi d’autres interventions d’Aswany dans des journaux populaires ne cessent de reprendre l’idée que les Frères Muslumans et l'armée incarnent chacun une facette de cette révolution avortée. Il écrit "Après la révolution les Égyptiens connaissent un sentiment de désespoir parce qu’ils ont le sentiment que la révolution qu’ils ont entreprise leur a été volée par deux fois. Une première fois quand les FM les ont trahis en s’alliant au militaire contre la révolution pour arriver au pouvoir et après le 30 juin (2013) quand le grand mouvement insurrectionnel a demandé des élections anticipées pour faire partir un président (Le FM Mohamed Morsy) qui a annulé l’État de droit en imposant une nouvelle constitution." C’est de cette problématique des valeurs en partage entre Armée et FM que notre thèse est construite. Certaines analyses soulignent les différences entre les deux institutions sur le modèle d’une opposition entre moderne et traditionnelle, conservateur et progressiste, religieux et laïc. Il s’en suit une analyse des dynamiques en cours sous la forme de processus révolutionnaire ou contre-révolutionnaire avorté et/ou de restauration autoritaire voir modernisation autoritaire. Ces analyses peuvent donner une impression d’un « retour vers la future » les mettant en scène comme des protagonistes aussi différents qu’opposés. Pour nous la lutte du pouvoir entre l’armée et FM depuis 2011 a souligné plutôt des éléments de similarités entre les deux acteurs politiques et leur façon de survivre et régénérer leurs pouvoirs, symboles et discours politiques. En analysant la relation entre ces deux anciens acteurs politiques non civils, c’est à dire gheir madani) pour qui l’ordre, la norme et la politique ne peuvent être du ressort des profanes ou de laïcs au sens d’étranger à l’institution militaire ou religieuse, il était évident que beaucoup d’éléments sont en commun. Ils sont consistants et récurrents pendant des différentes périodes en Égypte. Les questions soulevées à ce propos dans ce travail découlent d’une comparaison entre les deux acteurs en insistant sur les ressources symboliques et idéologiques en commun qui assurent leur survie et leur régénération. Il s’agit de se poser les questions de savoir: comment ces ressources ont été utilisées dans la rivalité et la lutte de gouvernementalité? Et, comment le champ politique égyptien a été affecté par ces dynamiques du pouvoir dans différents contextes sociohistoriques? Cinq caractéristiques en rapport avec la vision du pouvoir et de l’autorité, l’idéologie, l’organisation et le type d’homme de pouvoir, sont en partage entre les deux acteurs dans une sorte de rivalité qui n’exclue pas un mimétisme nourri par une prédisposition au conservatisme. Il s’agit de: l’idée que le pouvoir est la résultante d’un rapport de force est non d’un consentement, la valeur centrale étant le concept khaldounien de : ghalaba qu’on peut traduire par domination(1). L’idée de la nécessité d’une culture du secret (sirriya) qui renvoie à une préférence pour la clandestinité, choix qui exprime une méfiance par rapport aux communs(2). La culture de l’obéissance, c’est-à-dire a-ta'a)(3); assorti d’un sens de la hiérarchie et de l’organisation pyramidale (haykal tanzimi)(4). L’importance de l’ordre par opposition à la fitna dont la réduction, constitue le fondement de la raison d’État (nizam)(5); et le statut de l’altérité qui distingue les élus de Dieu et/ou de la mère Égypte et les autres(6).

Thesis resume

Starting in 2011, the army and the Islamists in Egypt illustrated the power dynamics that has between them for decades as non-civilian, political actors. Almost ten years after the “so-called Arab Spring” that swept across many Arab countries from late 2010 until today, these countries live in deeper problems than before. In the case of Egypt, for the unpoliticized masses under the thirty-year-rule of Hosni Mubarak — an ex-military man who became civilianized over the years — the problem was with the regime’s corruption and economic greed. With the political opening and opportunity that presented itself in 2011 in Egypt, an array of power relations was revealed, notably through what are known, in scientific references, as ethnographic material, culture, and rhetoric. One aspect of this is the well-tailored discourse of Mubarak during the eighteen days of the sit-in in Tahrir Square that started January 25, 2011, constituting just a small portion of the symbolic language and exchanges occurring over decades, before and after 2011. The army and the MB have shown an explicitly visible power dynamic, apparent through symbols, discourse, and mobilization strategies toward the politicized masses in the streets. The power relations between both political actors, the army and the MB, were later represented in a form of rivalry, which has deep socio-historical significance. As the power relations between both political actors unraveled after 2011, the shared socio-historical rivalry between them continued to play and replay. The importance of the socio-historical political rivalry at play between both actors became more concrete as a vital aspect when analyzing power dynamics in Egypt after 2013 and the wave of violence that took place against the opposition in general. Several questions offer significant analyses and point toward new dimensions in understanding the Egyptian political field, power dynamics and relations in Egypt, and the concepts of haymana (hegemony) or ghalaba (predominance). These two terms are crucial in the functioning of the Egyptian state and its governance. The initial questions this research project and PhD dissertation sought to answer bind power, mobilization, and symbols to the power relations between the army and the MB. For example, how did the power relations between the army and the MB affect the political field in Egypt? How is the battle over governmentality in Egypt between the MB and the army represented through symbols, discourse, and mobilization? What power dynamics took place when both political actors rejuvenated their presence in the Egyptian political field in 2011? These questions are later illustrated in more scientific detail as part of this journey, referred to here as a PhD thesis.